Exil durable en Lot-et-Garonne
Par Emilie Dubrul
Les mains dans la terre, c’est ainsi que Diane Mertens passe désormais le plus clair de ses journées. Il y a 5 ans, la jeune belge trentenaire a quitté travail, patrie et amis pour revenir « à l’essentiel » : se lancer dans la production de plantes médicinales et aromatiques biologiques. Plus qu’un nouveau métier, un mode de vie en parfaite harmonie avec sa belle philosophie de vie.
Le regard est vif et rieur à la fois avec cette belle pointe de détermination. A la première question « pourquoi ce métier ? », la réponse fuse comme une évidence : « Pour l’aspect physique et le fait d’être dehors, dans la nature. Il faut travailler dur, très dur parfois, mais ça ne m’a pas fait peur.» À la voir arracher à pleine main les mauvaises herbes qui ont envahi ses plates-bandes sous un soleil de plomb, on la croit sur parole ! Et Diane qui poursuit en racontant que depuis toute petite, elle aime chercher les petites bêtes cachées derrière les feuilles. Les observer, les étudier. Et même si aujourd’hui certaines d’entre elles lui donnent du fil à retorde, elle continue d’aimer les insectes « Une vraie passion ».
Parcours d’une militante née
Diane est originaire de Bruxelles. Après des études en sciences humaines et sociales, la jeune diplômée qui a grandi à l’étranger, part comme volontaire sur des projets de coopération internationale pour l’ONG belge Quinoa (ONG d’éducation au développement). « Aux Philippines, nous avons atterri dans un village de pêcheurs. Des juristes bénévoles leur expliquaient la réforme agraire et comment la mettre en place. C’était la première fois que des slogans comme « accès à la terre » ou « révolution verte » prenaient pour moi une dimension tangible.». Après d’autres voyages et autant d’expériences enrichissantes qui forgeront son côté altermondialiste, Diane est recrutée par Handicap International, tout en continuant à militer pour des justes causes, notamment auprès de l’association allemande FIAN, une ONG qui défend le droit à l’alimentation. « C’est ce qui m’a amené à l’agriculture je crois. À force de faire signer des pétitions pour que les gens récupèrent leur terre, accèdent à l’eau, à un moment donné, j’ai eu envie de contribuer à produire quelque chose.»
À la même époque, Diane suit des cours du soir pour devenir herboriste. Elle vise un diplôme qui lui permettrait de monter un atelier de transformation de plantes : herbes sèches, tisanes, crèmes, gels, huiles essentielles. « J’ai grandi en Afrique. Mon père travaillait pour la coopération, nous avions cette chance d’avoir de beaux jardins à la maison. Très tôt j’ai mis mes mains dans la terre. Et le côté médicinal doit venir de ma mère kinésithérapeute qui nous a toujours soignés par les plantes.» Diplôme en poche, la jeune herboriste atterrit en France dans la distillerie de lavande, Bleu d’Argens. Coup de cœur. « De retour à Bruxelles, j’ai fait un stage dans un petit labo d’herboristerie. Ça m’a plu mais je ne me voyais pas simplement acheter des plantes et les transformer. Je voulais les faire pousser.»
L’appel de la terre
En prenant des chemins de traverses, Diane Mertens rencontre des personnes passionnées et influentes qui ne font qu’accroître son envie de reconversion. Via l’association Terre de liens, l’agricultrice « en herbe » découvre alors le principe des couveuses d’entreprises et la SAS GR.A.I.N.E.S. Basée à Pau, cette structure met à la disposition des futurs entrepreneurs appelés les « couvés », des terres, du matériel, un réseau technique et humain. Un véritable tremplin pour ceux qui n’ont pas de ferme familiale, permettant de se confronter, accompagnés, à la dure réalité du terrain. « Dans la couveuse, on nous donne une orientation plutôt maraîchère car c’est un cycle court, explique Diane. Au début, j’ai fait quelques variétés de légumes pour les rassurer. Et puis j’ai planté mes premières aromatiques pour tester le sol, voir comment elles prenaient dans cette terre argilo limoneuse. On a tendance à penser qu’il leur faut plus des sols calcaires mais ici, mes basilics et mes persils sont magnifiques ! »
Si certains la poussent à cultiver du chou de Bruxelles, Diane ne fait pousser que ce qu’elle aime. Et certainement pas des choux ! D’autres comme Jean-Marc Parrat ou Coco Badie, ses « parrains de cœur » l’incitent à commercialiser son basilic frais en gros bouquets et ses petits pots de persil, sarriette, marjolaine dans les Biocoop de la région ou sur les marchés locaux. « A travers eux, j’ai découvert de nouvelles plantes mais ce n’est pas évident de se lancer et de ne gêner personne, de respecter les plates bandes de chacun. Alors de fil en aiguille, je me suis mise à transformer mes produits.» En attendant de pouvoir « s’installer vraiment » et de monter sa petite distillerie, la jeune bruxelloise s’est lancé dans la fabrication d’huile d’olive biologique ou de sel de l’île de Ré (et bientôt de Salie en Béarn) aromatisé aux herbes qu’elle fait pousser passionnément.
Diane agricultrice certes, mais la militante n’est jamais très loin « En accédant à la terre, j’ai l’impression d’avoir ouvert une porte qui me permettra je l’espère de participer à la reconnaissance des soins par les plantes. Une forme de militantisme qui me manque aujourd’hui.»
Diane Mertens
SAS Graine Garrigues
47200 Marmande
Un article produit dans le cadre de l’application Adresses Gourmandes.