« Embarquez avec moi pendant 5 heures et venez admirer mon bureau, au cœur du Bassin.» C’est la promesse faite par Lionel Foucart à tous ceux qui souhaitent prendre le temps de comprendre en profondeur comment travaillent les producteurs d’huîtres d’Arcachon Cap Ferret.
Ce mardi matin de juillet, un petit groupe de visiteurs rejoint Lionel au port de La Teste. Les conditions météo sont bonnes et les 5 personnes inscrites sont à l’heure, bien prévenues par l’ostréiculteur que la marée n’attend pas. Ce qui est une évidence pour ce professionnel né sur le Bassin ne l’est pas forcément pour tout le monde :
« Lorsque des touristes prennent contact avec moi pour organiser une sortie sur mes parcs à huîtres, je leur explique en détail les horaires de marée et les contraintes que cela suppose. Ici, c’est l’océan qui donne l’heure et nous oblige à être ponctuels ! »
Le pescatourisme, une occasion d’échanges et de rencontres
De mai à septembre, Lionel Foucart pratique le pescatourisme, une diversification complémentaire pour ceux qui, comme lui, désirent faire découvrir leur métier d’ostréiculteur autrement, vu de l’intérieur.
« C’est une sorte de « vis ma vie ». L’objectif est d’embarquer des personnes sur nos bateaux en leur expliquant comment nous travaillons et dans quel environnement.
« J’apprécie particulièrement ces moments car ceux qui choisissent cette formule ont réellement envie d’apprendre, de comprendre, d’aller au contact des locaux. Ce n’est pas du tourisme de masse, il s’agit au contraire de rencontres très privilégiées avec une clientèle avide de connaissance. Ces visiteurs sont dans le questionnement, et c’est un plaisir de répondre à toutes leurs interrogations.»
Si les horaires de départ varient selon la marée, le déroulé d’une sortie est bien calé. Lionel a le droit d’embarquer 5 personnes maximum sur sa barge. Pendant 40 minutes environ, le bateau prend la direction des parcs à huîtres, situés près de l’île aux Oiseaux ou du Banc d’Arguin. Celui qui se définit comme « agriculteur marin » présente alors son environnement de travail si particulier : « À l’aller, je ne parle que du Bassin. J’explique les courants, les bancs, les passes, les cabanes tchanquées, et je leur dis : vous avez vu mon bureau ? Il est fabuleux ! »
Dégustation privilégiée, les pieds dans l’eau
Arrivé sur le parc, le groupe attend encore un peu à bord, le temps que l’océan se retire suffisamment. Lionel en profite pour aborder le cycle de vie d’une huitre, sa reproduction et son élevage dans les eaux changeantes du Bassin.
« Je simplifie parce qu’on pourrait parler de la croissance de l’huitre pendant 3 jours ! Le but est de leur expliquer notre métier, bien sûr, mais surtout qu’ils passent un moment inoubliable. »
L’ostréiculteur sort alors son couteau à huîtres, en ouvre quelques douzaines, accompagnées de vin blanc ou rosé. Un peu de pain et de pâté pour compléter ce verre de l’amitié… et voilà un instant de pur régal pour Lionel et ses passagers. « Carpe diem ! Je veux qu’ils se souviennent de cette expérience unique. ».
Conformément aux dispositions prévues dans la charte du pescatourisme, les visiteurs ne manipulent pas les poches de mollusques, ils n’ont pas le droit de travailler aux côtés de l’ostréiculteur. En revanche, ils le regardent faire, continuent à poser des questions… et profitent de la marée basse pour se baigner en toute sécurité.
Deux heures après, l’eau remonte déjà. Chacun a savouré de cette parenthèse suspendue entre ciel et mer. 40 minutes plus tard, le temps du retour en bateau, tous les participants repartent plus riches de cette journée, Lionel le premier. « Nous passons à peu près 5 heures ensemble, et franchement, ce sont de belles rencontres. J’accueille tous les corps de métier, venus des 4 coins de France, voire d’Europe. Nous échangeons sur nos professions, nos régions, nos diversités, avec un partage simple et fluide.»
À partir du jeudi, Lionel court vers d’autres horizons
Si les sorties pescatouristiques de cet ostréiculteur ont lieu du lundi au mercredi, c’est que ce passionné entame un autre type de marathon à partir du jeudi midi. « Le jeudi après-midi est consacré au conditionnement des huîtres. Je saute dans mon camion à 4 h du matin le vendredi pour aller livrer le restaurant de fruits de mer que j’ai ouvert à Pau, et vendre mes huîtres sur les marchés de Nay et de Lourdes les vendredis et samedis. Je crois profondément à ce contact direct entre le producteur et le consommateur. C’est notre meilleure pub : que les gens qui achètent nos huîtres au marché voient face à eux le professionnel qui les élève et qui les a sorties de l’eau deux jours avant. »
Le samedi soir et le dimanche midi, Lionel est présent dans son restaurant. Pendant le service, il se transforme en écailler pour combler les papilles des convives avec ses huîtres Arcachon Cap Ferret ou celles du banc d’Arguin, plus charnues. Avant de rejoindre son port d’attache à La Teste. Le Bassin coule dans ses veines…